Chasteigner Seigneur de Bougon et de Berlaire( en VIEILLEVIGNE )
ANCIENNE NOBLESSE de BOUGUENAIS près de NANTES
La châtellenie de Bougon :
Dans la première moitié du IXème siècle le pays, actuellement nantais, au delà de la Loire faisait encore partie du Poitou.
Lambert lieutenant de Nominoë, devenu maître de Nantes étendit le domaine des Bretons au sud du grand fleuve ; puis il tailla des fiefs dans cette région conquise et les donna à ses vaillants guerriers ; à Renier le pays des Mauges, à Giraud celui de Tiffauges et à son neveu Gonfier le paye d'Herbauge ou de Retz. Bégon, lieutenant du duc d'Aquitaine dont le gouvernement embrassait le Poitou, vit avec déplaisir cet établissement des Bretons. « Il éleva même pour les tenir en bride, au bord de la Loire, à deux lieues au-dessous de Nantes, un château dont les fortifications de terre dans le système du temps subsistent encore en partie dans la paroisse de Bouguenais, au lieu appelé la Motte de Bougon et autrefois de Bégon. Après quelques succès Bégon fut vaincu et tué par Gonfier qui établit sa résidence dans le château même de son adversaire, et ainsi le pays de Retz échappa dès lors à l'autorité des princes carlovingiens » (De la Borderie, Nominoë, Revue de Bretagne et de Vendée V. 6).
Ce fut vers 844 qu'eut lieu cette annexion du pays de Retz au comté nantais. La paroisse où Bégon construisit son château prit de lui le nom de Begonnais ou Bouguenais. Toutefois Gonfier ne conserva pas de longues années le château de Bégon que dévastèrent puis brûlèrent les Normands dans une de leurs terribles invasions vers la fin du IXème siècle. Au siècle suivant une famille devenue maîtresse du fief de Bégon ou de Bougon, comme l'on commençait à dire, en prit le nom.
A cette noble maison appartinrent Glévian qualifié vers 1060 prince de Bégon « Beconensis princeps » et plus tard Roland de Bougon en 1145, Olivier de Bégon en 1175, Sylvestre de Bougon, fils de Roland, en 1177, autre Roland de Bégon en 1203 et Olivier de Bougon en 1239 (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I 408, 529, 617 et 671).
Cette race des sires de Bougon s'éteignit vraisemblablement alors ;
au XIIéme siècle la famille Chasteigner devint propriétaire de Bougon et en releva le nom.
En 1294, Hubelin Chasteigner, dit de Bougon, reconnut devoir à l'armée du duc de Bretagne « un chevalier pour ses fiefs de Bougon, pour lesquels il présenta Monsour Jehan de Bougon comme son tutour » (Dom Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, I 1112). Apparaissent ensuite comme seigneur de Bougon, Jean Chasteigner en 1417 et Jacques Chasteigner dont la fille Marguerite Chasteigner épousa en 1473, Jean de la Lande. C'est vers cette époque que l'ancienne châtellenie de Bougon fut démembrée par ses possesseurs ; ce Jacques Chasteigner vendit, en effet, à Guillaume de la Lande, procureur général de Bretagne et frère de son gendre, le fief et la terre de Bougon en Couëron (Mss de la Bibliothèque de Nantes, n° 1685). Mais il avait probablement un fils, François Chasteigner, seigneur en 1484 de Bougon en Bouguenais, et celui-ci eut pour successeur Jean Chasteigner vivant en 1499. Françoise Chasteigner, fille ou soeur de ce dernier seigneur, en épousant Jean de la Lande, dit de Machecoul, seigneur de Vieillevigne, lui apporta la châtellenie de Bougon, pour laquelle ce chevalier rendit hommage au roi en 1540. Jean de Machecoul fournit au roi l'aveu de Bougon en 1580 et René de Machecoul fit hommage de cette terre en 1600 (Archives de Loire Inférieure, B 1007 et 1009). Gabriel de Machecoul, fils de René et seigneur de Vieillevigne comme les précédents, fit une déclaration de Bougon au roi en 1655 et laissa cette seigneurie à sa fille Marguerite de Machecoul, femme séparée quant aux biens d'Henri de la Chapelle, marquis de Fougeray. Cette dame de Bougon rendit aveu en 1679 pour sa châtellenie qu'elle donna de son vivant en 1686 à sa fille Anne-Claire de la Chapelle, mariée à Claude de Damas, marquis de Thianges, lieutenant général des armées du roi. Mais Anne de la Chapelle mourut en couches et son mari se remaria en 1695 à Geneviève de Harlay. Le marquis de Thianges mourut lui-même le 4 janvier 1708 et fut inhumé le lendemain en l'enfeu seigneurial de Bougon au milieu du choeur de l'église Saint-Pierre de Bouguenais (Archives de Loire Inférieure, E 2884). Il léguait Bougon — que lui avait probablement donné sa première femme — à madame Le Bouteiller de Senlis, marquise de Moussy, et cette dame abandonna elle-même la châtellenie à la veuve du défunt, Geneviève de Harlay qui fit hommage de Bougon au roi en 1725 (Archives de Loire Inférieure, B 1028). Mme de Thianges décéda peu après en avril 1728, désignant pour son légataire universel Antoine de Damas, marquis de Marsilly et de Thianges. Ce fut sans doute ce dernier seigneur qui vendit la châtellenie de Bougon à Vincent Robineau, conseiller-secrétaire du roi. Celui-ci fit hommage en 1746 de cette seigneurie et en fournit l'aveu en 1753. Son fils Joseph Robineau, seigneur de Bougon, fit également hommage au roi en 1774 pour la châtellenie de Bougon qu'il possédait encore en 1788 (Archives de Loire Inférieure, B 1004 et 1005, E 345).
Châtellenie d'ancienneté et relevant directement du duc de Bretagne puis du roi, Bougon devait comprendre avant le XVIème siècle les trois fiefs de Bougon-en-Bouguenais, Bougon-en-Couëron et Bougon-en-Saint-Père-en-Retz. Ces derniers furent séparés du premier et formèrent deux petites seigneuries distinctes, bien moins importantes d'ailleurs. Bougon-en-Bouguenais, — le seul de ces trois fiefs dont nous ayons à nous occuper — s'étendait le long de la Loire en trois paroisses : Saint-Pierre et Saint-Jean de Bouguenais (nota : actuellement Saint-Pierre de Bouguenais s'appelle simplement Bouguenais, et Saint-Jean de Bouguenais a pris le nom de Saint-Jean de Boiseau) et Brains. Ainsi le pays Bouguenais, auquel Bougon avait donné son nom, comprenait deux paroisses ; le fief, s'était dans la suite étendu jusqu'à Brains.
La haute justice de Bougon s'exerçait au bourg de Saint-Pierre de Bouguenais où se trouvaient l'auditoire, la prison et un four à ban. Là aussi se tenait chaque année une foire le lundi de la Pentecôte. De la châtellenie de Bougon relevaient les seigneuries du Pé, de la Trocardière, la Bruandière, la Motte-Hallouard, la Basse-Motte, les prieurés des Couëts et de la Bouvre, etc. Le sire de Bougon était prééminencier des deux églises Saint-Pierre et Saint-Jean de Bouguenais et avait droit d'instituer un maître d'école pour instruire la jeunesse de sa châtellenie. Comme Bougon se trouvait au bord de la Loire, son seigneur jouissait de plusieurs droits relatifs à ce fleuve ; ainsi il avait droit de « vouillage » dans les deux paroisses de Bouguenais « qui est d'un demy tournois pour chaque pipe de vin amenée aux ports de la dite chastellenie » — droit de passage de la Loire « qui est d'avoir basteau pour passer la rivière aux divers ports des fiefs de la chastellenie, tant les hommes que les bestes », etc. Il avait aussi certains privilèges dans la vallée de Bouguenais formée par la Loire ; droit de prendre « trois havées de foin, de toute charretée sortant de ladite vallée » « droit de course et prise une fois l'an au jour qu'il plaist au seigneur, de toutes bestes trouvées en icelle vallée » — « droit de pasnage pour deux boeufs » en cette même vallée. « Tous les estagiers nouveaux mariés qui la première nuit de leurs noces couchent ésdits fiefs de Bougon doibvent seize boisseaux d'avoine, mesure de Bougon » ; mais s'ils veulent courir la quintaine et s'ils rompent les trois lances qu'on leur baille ils ne doivent plus que huit boisseaux. La veille de Noël certains tenanciers de Saint-Pierre de Bouguenais sont tenus « fournir une charrette attelée de quatre boeufs et un homme pour la conduire, et charroyer au lieu de Bougon un pièce de bois pour servir de feu et tizon de Noël ». Enfin « doibvent, le premier jour de may, les habitans du bourg de Pont-Saint-Martin des gants et des esteufs pour jouer à la paulme ». L'origine de ce devoir féodal était de nombreuses franchises de « coustumes, pontages et pasnages » que les sires de Bougon avaient jadis accordées aux paroissiens de Pont-Saint-Martin. Le seigneur de Bourgon prétendait encore jouir d'un droit « d'usage et chauffage » dans la forêt de Touffou appartenant au domaine ducal de Bretagne (Déclaration de Bougon en 1580, 1679 et 1753).
Voici quel était le domaine proche de la châtellenie de Bougon : « L'emplacement de l'ancien chasteau de Bougon près le prieuré de la Bouvre » ; c'est la superbe motte qu'on voit encore à côté du bourg de Bouguenais et au bord même de la Loire ; — et le manoir noble de Bougon, anciennement nommé l'Esperonnière, en Saint-Pierre de Bouguenais, avec « sa cour fermée de murs et sa chapelle dédiée à saint Georges sise au devant de la grande porte de ladite cour ». Dès 1434, Hubelin Chasteigner, sire de Bougon, possédait l'Esperonnière qui devint le chef-lieu de la châtellenie. Autour de ce nouveau château de Bougon, — subsistant encore — s'étendaient de beaux bois futaies. Les trois métairies de la Rouaudière, du Pas-Chesneau et de Beauregard, deux étangs avec leurs moulins, un moulin à vent, de vastes prairies et quelques bonnes vignes complétaient le domaine seigneurial de Bougon aux siècles derniers (Déclaration de Bougon en 1580, 1679 et 1753) (abbé Guillotin de Corson).
En 1928, un camp d'aviation fut créé pour un usage essentiellement militaire, sur un terrain de 50 hectares au bord de la N23 de Nantes à Paimbœuf (actuelle RD 723), près du Château de Bougon (ancienne châtellenie du IXe siècle à l'origine du village de Bouguenais). Aménagé à partir de 1932, il accueillit en 1934-1935 au Brossais une usine des établissements Bréguet, avec un raccordement au terrain d'aviation.
1939, la piste en herbe est remplacé par une piste bétonnée de 900 m x 40 m.
Pendant l'occupation, les Allemands en firent un véritable camp avec baraquements, blockhaus, casemates en béton. De là partaient leurs bombardiers vers l'Angleterre. Les Alliés, mesurant l'importance stratégique du site, avec l'usine d'aviation à proximité, bombardèrent le terrain le 4 juillet 1943. Il y eut 20 victimes civiles, et l'usine fut aux trois quarts détruite et rendue inutilisable.
À la fin de guerre, l'Armée de l'air française reprit possession du terrain après que, au moment de leur retraite, les Allemands en ont détruit les infrastructures. En 1948-49, le terrain porta sa superficie à environ 300 hectares. Les premières activités commerciales de l'aérodrome apparurent en 1951, avec la construction de premier bâtiment (en bois), alors que se développaient les activités de tourisme et de vols d'essais.